Tout savoir sur la pyrale du buis

Papillon nocturne originaire d’Asie orientale, la pyrale du buis vivait dans des régions subtropicales humides avant d’arriver en Europe de manière accidentelle en 2006. Comme les chenilles processionnaires, elle mange les feuilles et détruit la flore qu’elle attaque. Explications.

La pyrale du buis : un invité non désiré

Ce serait dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne, que la pyrale du buis fut repérée pour la première fois sur notre continent, en 2006. Puis elle s’est répandue en Suisse, Angleterre, Pays-Bas… et France. De son nom Cydalima perspectalis, la pyrale du buis se nourrit spécifiquement les buis, qu’ils soient sauvages ou d’ornement, en dévorant les feuilles puis l’écorce. Paradoxe : c’est le commerce des plantes qui a justement amené jusqu’ici cet insecte qui peut tuer votre buis en quelques jours.

Pour faire simple (le détail du cycle et des étapes vous attend plus loin), voici le résumé du danger : après la ponte des œufs du papillon de nuit sur les feuilles du buis, des larves vont apparaître, puis se transformer en chenilles, lesquelles mangent les feuilles puis la tige. Le cauchemar des jardiniers, hélas.

La pyrale du buis : son expansion

N’ayant pas de prédateurs locaux, la pyrale du buis a pu se répandre facilement et rapidement, à tel point qu’elle occupe aujourd’hui près de 90% des départements français. Le commerce, les bourses aux plantes, les échanges entre particuliers ou paysagistes de plante, etc n’ont évidemment pas aidé à la ralentir. Le réchauffement climatique semble également favoriser sa progression, en ville comme en milieu rural.

Sa durée de vie plus longue, due à sa capacité de butiner et se nourrir même à l’état adulte grâce à sa trompe, lui permet de pondre plusieurs fois. Et qui dit plus d’œufs, dit plus de chenilles qui mangent ensuite…Tant que l’automne n’arrive pas, la pyrale peut pondre et ses œufs résister aux températures (15 degrés idéalement). Précisément, on dénombre 12 jours de vie lorsqu’elle est féconde, avec sept jours de ponte après la fécondation.

Les femelles peuvent pondre entre deux et quatre fois entre le printemps et le début de l’automne, sachant qu’il y a 200 à 300 œufs par ponte. Le calcul est simple : jusqu’à 1 200 œufs pondus par femelle de la pyrale du buis. Vous pouvez imaginer le nombre impressionnant de chenilles qui vont sortir au printemps et à l’été pour manger vos buis.

Pyrale du buis : les symptômes et dangers

Afin de réagir dès que possible, il faut savoir identifier les signes de sa présence. Reconnaître ses dégâts, les traces laissées. Résumé des signaux à percevoir, avant de voir ses feuilles et rameaux dévorés :

  • Présence de cocons, de toiles et fils de soie ;
  • Nombreuses déjections de couleur vert foncé à noire, sur les feuilles comme le sol ;
  • Les feuilles jaunissent voire brunissent, sèchent puis tombent.

Mais, voyons aussi un peu de positif, la pyrale du buis n’attaque pas forcément les racines et elle n’est pas urticante pour l’homme ou ses animaux domestiques. Aucune allergie et aucune réaction ne se produit si vous la touchez. Et une fois les arbustes traités, si vous les arrosez et nourrissez bien les pieds (avec un bon apport de compost), ils peuvent tout à fait refaire de jeunes feuilles et repartir l’année suivante. Seulement en cas de buis fortement touché, il faut le déterrer puis l’isoler dans un sac pour empêcher une infestation sur les autres.

Pyrale du buis : comment la reconnaître

En fonction de l’étape de son cycle de vie, de ses transformations (45 à 60 jours d’œuf à papillon), l’état et l’aspect évolue. Alors voici un résumé pour être clair :

  • Les œufs : de forme allongée, aplatis, jaune translucide, avec un petit point noir situé au centre, souvent en grappe de 2à à 30 œufs, ils éclosent après 3-5 jours ;
  • Les chenilles : de couleur verte, à tête noire, avec des poils blancs, des striures noires et blanches sur la longueur, comptant dix pattes abdominales et 6 pattes thoraciques, mesurant de 5 à 40 mm selon le stade de développement (4 avant d’arriver au stade de nymphe) ;
  • Les nymphes : aussi appelées chrysalides, elles sont vertes au début puis brun marbré, on les trouve pendues aux feuilles la tête en bas, mesurant 20 mm de long ;
  • Les papillons : possèdent des ailes blanches et brunes dont les extrémités sont marquées par des petits taches blanches, mesurent 36 à 44 mm de long.

Pyrale du buis : cycle de vie de la chenille

Les chenilles vont muer 4 fois durant leur cycle de vie, devenant de plus en plus voraces à chaque stade de leur évolution, avant de devenir des nymphes. Nous détaillons ce passage car c’est justement là que la pyrale va manger vos arbustes et faire des dégâts.

  • Au 1er stade, la chenille de la pyrale du Buis est alors de 3 mm, quasiment invisible et ne s’attaque qu’à la cuticule des feuilles, restant pour le moment à l’envers du feuillage donc indétectable.
  • Au 2e stade, elle se déplace et commence à manger le dessus des feuilles. Elle va aussi tisser des fils de soie à la fois pour se protéger et se déplacer. Premiers effets visibles : le feuillage commence à sécher.
  • Au 3e stade, elle attaque les feuilles par leurs côtés. Le buis peine à réaliser sa photosynthèse et s’affaiblit.
  • Le 4e stade : environ 1 mois après l’éclosion. La chenille mesure 4 cm et dévore toutes les parties vertes du buis puis l’écorce, provoquant des blessures qui donneront accès aux champignons et autres pathogènes qui peuvent achever définitivement le buis.

Pyrale du buis : cycle de vie de A à Z

Si vous désirez en savoir encore plus, ne pas vous limiter aux chenilles, voici le tour d’horizon de toutes les étapes de la vie de la pyrale :

  1. De novembre à janvier : hivernage, le froid durable (inférieur à 7 degrés) empêche leur développement ; (larve puis petite chenille)
  2. De février à avril : fin d’hivernage, sortie (chenille grossit) avec météo plus douce
  3. De mai à juin : premier stade larvaire et deuxième stade de chenille, grossissement et dégâts sur feuilles ;
  4. De juillet à septembre : troisième et quatrième stade des chenilles, feuilles entières et tiges attaquées :
  5. Octobre : nymphose (chrysalide) puis transformation en papillon (piège à phéromone à mettre)
    1. La dernière ponte arrivant vers octobre-novembre, les chenilles au stade L1 ne survivront pas aux températures. Par contre les individus L2 et L3 sont suffisamment fortes pour survivre : elles se mettent dans le cocon qu’elles ont tissées entre deux feuilles (leur hibernarium) et en ressortent en mars lorsque les températures remontent. Les chrysalides peuvent aussi se mettre en pause et terminer leur transformation au printemps

Pyrale du buis : ne pas négliger la prévention

Si vous avez un doute sur la présence de chenilles chez vous ou vos voisins, évitez d’éclairer votre jardin car les papillons sont attirés par la lumière. Et si des symptômes de la présence de la pyrale sont visibles, prenez le temps d’inspecter vos buis tous les jours et supprimer les toiles tissées (lesquelles contiennent les œufs déposés par le papillon). De façon générale, tailler les buis permet de supprimer les cocons et améliorer leur santé en les nettoyant des rameaux attaqués. Attention : n’oubliez pas de désinfecter la lame utilisée, sinon vous risquez d’infecter les autres buis !

Outre les petits gestes et les attentions plutôt simples, vous pouvez également utiliser des accessoires. Tels que le filet anti-insectes. Avec ses fines mailles, il va empêcher la ponte des œufs sur vos feuilles, ou alors mettre en quarantaine les buis déjà attaqués et empêcher la contagion des autres. Placez ce filet de mars à octobre, pendant la période de vol des papillons.

Viennent enfin les pièges à phéromones. En les plaçant début avril, ils vous permettent de voir à partir de quand les premiers papillons sont capturés, et donc de prévoir le traitement au bon moment, plus tard. Ce sont les papillons mâles qu’il faut capturer afin de limiter la reproduction et la ponte par les femelles. Pour faire simple, voici les informations à savoir :

  • En usage de détection : placer 1 piège tous les 15 mètres ;
    • Si les pièges capturent moins de 10 papillons par semaine, les arbres sont protégés et aucun autre traitement n’est nécessaire ;
  • La phéromone se diffuse pendant 100 jours après.  Il faut 2 seringues de phéromones pour couvrir toute la période de vol.

Pyrale du buis : quel traitement ?

Bonne nouvelle : la chenille de la pyrale n’est pas urticante (ni la chrysalide ou le cocon) et ne présente aucun danger pour l’homme. Vous pouvez donc les enlever à la main. S’il y en a beaucoup, ou que votre buis est gros, prenez un bâton et frapper le buis afin de faire tomber les chenilles sur une bâche posée au sol (puis il suffira de les ébouillanter ou brûler). Si votre buis est petit, couper les parties attaquées peut suffire.

Autre moyen, plus « costaud » et souvent conseillé (en association des pièges) : le traitement biologique avec le Bacillus Thuringiensis. Cette bactérie contient une toxine mortelle pour les chenilles, il s’agit donc de la pulvériser sur vos buis et les chenilles vont voir leur système digestif s’arrêter, s’arrêter de se nourrir puis mourir dans les 2-3 jours suivants. Le produit doit être appliqué le soir (car la bactérie est sensible au soleil) et en quantité, sur le dessus comme le dessous des feuilles. Plus efficace sur les larves et petites chenilles, le traitement doit suivre quelques recommandations :

  • Fonctionnement optimal d’avril à octobre (car température supérieure à 2 degrés) ;
  • En deux phases, avec une seconde pulvérisation sept jours après la première (surtout en cas de pluie). Appliquer une troisième fois si nécessaire, toujours sept jours après la précédente.

Pyrale du buis : « traitement » naturel avec les prédateurs

Comme pour les chenilles processionnaires, certains animaux s’avèrent être des prédateurs et peuvent vous aider. Ainsi, la chauve-souris régule le nombre de papillon, tandis que les mésanges et moineaux s’occupent eux des chenilles (jusqu’à 500 par jour pour un couple de mésanges !). Installer des nichoirs ou abris pour ces animaux peut donc être utile, de préférence à plus de 2m de hauteur et pendant l’automne pour qu’ils s’intègrent parfaitement à l’environnement.

Certaines astuces de jardinage avancent également que la pulvérisation d’eau mélangée avec du savon noir (3 cuillères pour 5 litre), tous les quinze jours, peut accompagner les autres méthodes citées. D’autres placent des bassines d’eau comptant du liquide vaisselle et les éclairent, cherchant à attirer et noyer les papillons dedans. Libre à vous d’essayer !